Felix Gonzalez-Torres
Specific Objects without Specific Form
Cette rétrospective non conventionnelle du travail de Felix Gonzalez-Torres se présente en deux parties : la première, une sélection de 46 oeuvres installée par la commissaire d'exposition Elena Filipovic a été montrée du 16 janvier au 28 février. La deuxième version de l'exposition, visible du 05.03 au 02.05, organisée par l'artiste Danh Vo, comprend 17 pièces, certaines appartenant à la version précédente de l'exposition, mais accrochées d'une toute autre manière, tandis que la plupart constituent une nouvelle sélection d'oeuvres de Gonzalez-Torres.
L'exposition reflète la carrière courte mais prolifique de Gonzalez-Torres, dont le travail investit de manière critique l'art conceptuel et le minimalisme, mêlant activisme politique, affects émotionnels et préoccupations formelles à travers un large panel de médias - y compris peinture, sculpture et panneaux d'affichage public - et en utilisant souvent comme point de départ des objets ordinaires tels des horloges, miroirs ou ampoules. Les tas de bonbons et les piles de papier, dont les spectateurs sont autorisés à emporter un élément, constituent sans doute les oeuvres les plus célèbres de l'artiste. Les transformations et remodelages perpétuels font partie intégrante de l'oeuvre d'art dont Gonzalez-Torres offre un modèle nécessairement instable et précaire, à l'instar de la vie elle-même. Le résultat est un corpus profondément humain, intime et fragile en même temps qu'il déstabilise nombre de certitudes en apparence inébranlables : l'oeuvre d'art comme forme fixe, l'auteur comme ultime créateur de formes, l'exposition comme lieu pour voir et non pour toucher.
Répartie sur les 2ème, 3ème et 4ème (Panorama) étages du WIELS, ainsi que dans la cage d'escalier et l'espace public, l'installation de l'exposition selon Vo propose une interprétation, par un artiste, des oeuvres d'art emblématiques d'un autre artiste. Vo, dont la pratique artistique est profondément influencée par le travail de Gonzalez-Torres, a conçu une organisation soigneusement réfléchie, en construisant des relations entre les oeuvres et l'espace institutionnel qui les accueille. Avec un nombre relativement restreint d'oeuvres dans chaque espace, il crée des juxtapositions et dialogues qui révèlent une nouvelle lecture de l'art de Gonzalez-Torres.
En offrant deux installations différentes, cette rétrospective suggère qu'il n'y a pas de façon correcte, absolue ou unique de présenter le travail d'un artiste comme Gonzalez-Torres, dont la pratique a insisté sur la fragilité de l'oeuvre et interrogé les autorités de tous ordres (y compris celle de l'oeuvre, de l'artiste et de l'institution).