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Après avoir grandi à Boma (ville prototype de l'industrialisation congolaise) et à Lubumbashi (grande ville minière de la région du Haut-Katanga, qui constituait avant la colonisation d'autres royaumes que le Congo), je me suis mise à travailler sur l'idée des cartes. C'est la cartographie qui montre les signes de l'exploitation. Ma résolution viscérale d'être une artiste découle de la dissection des configurations cartographiques humanistes, scientifiques, géologiques et politiques sur lesquelles les civilisations sont basées et les institutions capitalistes (de connivence) sont construites. Lorsque je me suis rendue au Kongo Central dans le cadre de mes recherches, j'ai découvert que la carte de mon pays avait été conçue pour servir une industrie, pour produire des biens destinés presque exclusivement à des marchés situés au-delà de nos frontières. Les routes et la cartographie sont encore construites en vue de générer à la fois l'aliénation de la population locale, ainsi que la richesse et le pouvoir qui alimentent le néocolonialisme.

Toutefois, mes œuvres transcendent l’intérêt pour la cartographie du Congo. Si mes recherches impliquent souvent un travail de terrain et un dialogue avec la population locale, les historiens, les archivistes, les scientifiques, etc., une grande partie de mon travail part du tumulte de l'ordre existentiel, de mon expérience en tant que femme, en tant qu'artiste vivant au sein d’une société axée sur le profit. Les objets et les matériaux que j'utilise, tels que le tissu, la couture, les minéraux, le marbre, le bois, les surfaces réfléchissantes, etc. se rapportent aux lieux où je travaille et vis, ils sont souvent empreints de sens et symboliques de l'organisation des espaces stratégiques et des lieux sociaux. Par le biais d’un large éventail de supports, tels que le dessin, la peinture, la photographie, la vidéo, les installations et les performances, j'explore le flux intuitif, la spiritualité, les combinaisons associatives d'éléments, les histoires et les technologies mythiques (les Bakongos, les Himbas, l’Égypte ancienne, etc.), ainsi que les histoires congolaises dans une tentative de reconsidérer les paradigmes.

Née en 1993 en République démocratique du Congo, Hadassa Ngamba a étudié la criminologie à l'Université de Lubumbashi (RDC). Durant cette période, elle a travaillé comme styliste, couturière et coiffeuse. Elle a ensuite pris part aux ateliers et aux expositions des 5^e et 6^e Biennales de Lubumbashi (2017 & 2019). En 2019, elle a participé au programme de résidences d'artistes de WIELS à Bruxelles. Actuellement, elle est en résidence au HISK à Gand.