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R. H. Quaytman réinvente la production des images picturales à l’ère du numérique et du spectacle, en les inscrivant dans l’histoire de l’art, en affirmant leur matérialité et leur portée spirituelle, en déstabilisant les récits dominants selon une perspective féministe et intersectionnelle. Ses stratégies sont tant picturales que photographiques et conceptuelles pour développer une œuvre ouvrant de multiples perspectives. En construisant chacune de ses expositions comme des « chapitres », Quaytman construit ses ensembles comme une structure narrative déterminant à la fois le principe organisationnel global et le mode d'exécution des œuvres individuelles.

Pour son exposition monographique au WIELS, R. H. Quaytman explore l’histoire artistique de Bruxelles et, notamment, le rapport au pouvoir de certains des artistes avec lesquels Quaytman a des affinités comme Magritte et Broodthaers. Quaytman a ainsi découvert le peintre Antoine Wiertz et son musée personnel, situé aujourd'hui au cœur du Quartier Européen. Ce musée avec son accrochage à la fois singulier et spectaculaire est un témoignage de l’apogée de la peinture monumentale qui pressent son déclin imminent face à la photographie et au cinéma. Un déclin que Wiertz cherchait à compenser par une surabondance de sujets moralisateurs, qui accusent les injustices et inégalités. Wiertz a représenté des scènes effrayantes de pauvreté, de guerre, de suicide, d'épidémie.

Aujourd’hui quasiment tombés dans l’oubli, le travail et le musée-sanctuaire exubérant de Wiertz constituent le point de départ de Quaytman pour son investigation des possibilités de la peinture vis-à-vis de l’image photographique, pensées à travers le prisme de l’œuvre de Wiertz, qui abonde de corps masculins suggestifs tout en témoignant d'une véritable empathie pour la condition des femmes.

Curateurs : Devrim Bayar & Dirk Snauwaert