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Ana Jotta

On peut... On peut encore...

07 09 2024 05 01 2025

Au fil des cinquante dernières années, Ana Jotta (née en 1946 à Lisbonne) a développé un vocabulaire artistique très singulier, qui non seulement rejette mais aussi défie toute forme de classification et d’identification. Refusant d’adopter un style reconnaissable, elle empiète sur diverses catégories esthétiques, sources d’inspiration et de détournement, créant un univers qui n’existe qu’en vertu de ses propres choix. Loin d’essayer d’englober l’intégralité de son œuvre, l’exposition se concentre sur un aspect spécifique de son travail : sa façon d’investir le dessin d’une multiplicité de sens.

Ana Jotta Fala so detalj 1440

Ana Jotta, Fala-Só (detail), 2017. Bleach on blue cotton, 164 x 4000cm, Courtesy of the artist. Temporary Gallery - Zentrum für zeitgenössische Kunst e.V., Cologne, 2018. Photos © Simon Vogel

Habituée à collecter les images, les objets, les expressions, voire les traces sur un mur, elle fait de ce glanage une partie intégrante de sa pratique créative. Soutirant des éléments de ses propres expériences dans le monde, elle assemble ensuite ces fragments dans un ordre qui est strictement le sien. Rejetant toute notion d’autorialité ou d’autorité, Jotta considère que son œuvre est ce qui émerge alors qu’elle se situe et se resitue constamment dans le monde.

L’œuvre d’Ana tisse les fils que constituent les petits événements de la vie. Elle est riche en détails, en pathos, en excentricité. Passionnément attentive, elle est dans une vigilance constante à l’égard de ce qui l’entoure, et quand un mot, un tissu ou une image spécifique croise son chemin, elle l’identifie comme porteur des traces d’une vie quotidienne – arborant la preuve qu’il a vécu quelque chose, il peut être inclus dans l’espace artistique.

Anthony Huberman, co-commissaire de l’exposition

Si certains de ses dessins sont au crayon, sur papier, de nombreux autres, affranchis des confins de la page, existent en tant que broderies, cuir cousu, tissu décoloré, objets variés. Pour Jotta, dessiner, c’est révéler – démontrer, découvrir ou étoffer les potentielles connexions en dormance entre diverses images et références. Pour elle, dessiner c’est aussi puiser – saisir, s’approprier, extraire du monde. Mais le simple acte consistant à tracer un trait, de la façon la plus élémentaire qui soit, est une manière de créer des liens, de mettre en rapport, et représente une métaphore appropriée de l’ensemble de sa pratique. Jotta enrichit le langage du dessin en inventant un champ où esquisses, points de couture, gribouillis, silhouettes, griffures et ciseaux contribuent à un écosystème de gestes qui se recoupent. Ils reflètent son approche artistique et incarnent son indifférence à l’égard des catégories et des frontières qui délimitent traditionnellement les registres esthétiques – notamment la distinction entre l’art et la vie.

Ana se perçoit comme quelqu’un qui ne se conforme pas aux normes et aux valeurs sociales communément acceptées. Néanmoins, pratiquer en marge des conventions sociales n’implique pas nécessairement une révolte contre la société – pour reprendre ses propres termes, l’artiste est celle ou celui qui grogne, mais ne mord pas.

Miguel Wandschneider, co-commissaire de l’exposition

Commissaires : Anthony Huberman et Miguel Wandschneider
Coordination : Pauline Hatzigeorgiou

Avec le soutien généreux de :
M. & Mme António & Anne Castro Freire
Mme Sylvie Winckler
Casa São Roque - Peter Meeker Collection
Fundação Calouste Gulbenkian

À PROPOS DE L’ARTISTE

Ana Jotta (née en 1946 à Lisbonne) a créé un corpus d’œuvres qui défie la notion d’autorialité et brouille la frontière entre l’art et la vie. De la fin des années 1970 à la fin des années 1980, elle travaille dans le théâtre, à la fois comme comédienne, costumière et scénographe. Elle développe parallèlement sa pratique artistique pluridisciplinaire. Elle a fait l’objet d’expositions monographiques au Kunsthalle, Zurich (2024) ; au Wattis Institute, San Francisco (2023) ; à la Casa São Roque – Centro de Arte, Porto (2019) ; à la Temporary Gallery, Cologne (2018) ; à Établissement d’en face, Bruxelles (2016), au Cédrac, Ivry-sur-Seine (2016) et à Culturgest, Porto (2016). Une première rétrospective de son œuvre a été présentée au Serralves Musem, Porto, en 2005 ; une deuxième au Culturgest, Lisbonne (2014). Elle vit et travaille à Lisbonne.

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M. & Mme António & Anne Castro Freire

Mme Sylvie Winckler

Casa São Roque - Peter Meeker Collection

Fundação Calouste Gulbenkian