Les environnements lumineux avec lesquels Ann Veronica Janssens s'est fait connaître à la fin des années 90 s'insèrent dans une histoire qui, tout au long du XXème siècle, conduit certains artistes à plonger le spectateur dans une extase sensorielle en jouant sur les seuils de perception (éblouissement, haute fréquence, etc...).
Nous reviendrons sur les sources de cette "esthétique de la limite", en montrant combien elle établit non seulement des liens étroits entre art et sciences de la vision mais associe la plongée dans la lumière à des modes de connaissance élargie (hypnose, hallucination, etc...) que l'esprit New Age du passage du siècle (1880-1900) et son revival au cours des années 1960 (psychédélisme et Op art) ont mis en place pour mieux déstabiliser l'optique bien ordonnée du modernisme.
Pascal Rousseau enseigne l'histoire de l'art à l'Université François Rabelais de Tours. Spécialiste des avant-gardes historiques et des débuts de l'abstraction, des liens entre pratiques artistiques et imaginaires de la technologie dans la culture contemporaine (XIX-XXIème siècle), il a été notamment commissaire des expositions Robert Delaunay (Centre Georges Pompidou, 1999) et Aux origines de l'abstraction. 1800-1914 (Musée d'Orsay, 2003) ou, plus récemment, Sous influence. Résurgences de l'hypnose dans l'art contemporain (Musée des Beaux Arts, Lausanne, 2006).